Le conte de fées

De génération en génération, nous grandissons tous avec les contes de fées. La lecture de contes de est un moment privilégié entre parents et enfants, un rite de passage dans le développement de ceux-ci. Les contes nous apprennent à rêver, à imaginer, à résoudre des problèmes et à façonner notre identité.

QU’Y A-T-IL DANS UN CONTE?

Qu’ils soient inspirés par le folklore ou les mythes, les contes de fées sont transmis avant tout de manière orale. À ce titre, il est futile d’essayer de déterminer précisément leurs origines historiques. Une chose est sûre : l’être humain a toujours été fasciné par l’art de raconter et d’écouter des histoires. Les contes ont ainsi voyagé et évolué à travers le temps, ne trouvant leur forme finale qu’une fois couchés sur le papier.

Le schéma est simple : suite à l’intervention d’entités surnaturelles, un personnage principal vit des aventures extraordinaires. Les obstacles qu’il ou elle surmonte en chemin lui permettent d’évoluer et de sortir grandi.e de l’expérience. Le Mal est vaincu, le Bien triomphe et les désirs de notre héros ou héroïne deviennent réalité.

Le conte possède quelques caractéristiques bien particulières qui le distinguent de toute autre forme de fiction.

Des personnages anonymes

Les personnages de contes de fées n’ont pas de nom. Ils peuvent être désignés par leur apparence (Blanche-Neige), leur métier (Le Valeureux Petit Tailleur), ou encore un surnom (Raiponce, Cendrillon). Si prénom il y a, ce sera uniquement pour le ou la protagoniste et sera un prénom courant (Jeannot et Margot). Un choix qui donne à l’enfant la possibilité de mieux s’identifier au personnage principal de l’histoire.

La magie du quotidien

Dans un conte de fées, on assistes aux évènements les plus fantastiques. Cependant, ils sont présentés comme s’ils étaient normaux. Personne ne s’étonne d’y rencontrer des géants, des sorcières ou des animaux dotés de la parole. Le personnage principal est souvent une personne tout à fait normale, rappelant ainsi que mêmes les personnes les plus ordinaires sont capables d’actes extraordinaires.

Le Bien contre le Mal

Ces deux forces morales s’affrontent toujours dans un conte de fées. Les personnages eux-mêmes choisissent leur camp : les gentils ne sont que gentils, les méchants ne sont que méchants. Pas de place pour la nuance, il s’agit de réduire la morale à sa plus simple expression. Tiraillé entre les deux polarités, c’est au héros, et par extension au lecteur, de choisir son chemin. Car en effet, le conte de fées n’explique pas la marche à suivre. C’est au lecteur de tirer ses propres leçons de l’histoire.

Morale… ou pas

Il existe deux catégories de contes de fées : les contes moraux, dans lesquels l’éthique du personnage principal lui permet de sortir vainqueur, et les contes amoraux, ou celui-ci triomphe par des moyens moins vertueux. Dans Le Chat Botté, par exemple, notre protagoniste arrive à ses fins à force de ruse et de mensonges. Cependant, sa pauvreté et la pureté de son cœur justifient ses actions.

Ils vécurent heureux…

Peu importent les embûches ou la tristesse de la situation initiale, la fin d’un conte de fées est toujours heureuse. Un message rassurant, mais pas idéalisé. La fin d’un conte de fées ne prédit pas de vie éternelle ni de récompense dans l’au-delà, seulement un bonheur terrestre pour le temps imparti aux protagonistes.

Les recalés

Si Peter Pan, et Alice au Pays des Merveilles sont souvent mentionnés parmi les contes de fées les plus populaires, ils sont en réalité exclus de cette catégorie. Leurs personnages sont ambivalents et nommés, les éléments surnaturels ne sont pas banalisés et surtout, ils ne sont pas le résultat d’une tradition orale. Peter Pan est une pièce de théâtre de J.M. Barrie, tandis qu’Alice est un roman de Lewis Carroll. Il ne s’agit là que de deux exemples parmi de nombreuses histoires fantastiques considérées à tort comme des contes de fées.

L’IMPORTANCE DU CONTE DE FÉES

C’est pendant notre enfance que nous découvrons les contes de fées, à un moment crucial de notre développement. Ils nous permettent de rêver, de développer notre imaginaire, mais aussi de faire face à nos propres angoisses. Selon Bruno Bettelheim, l’une des forces du conte de fées consiste à prendre au sérieux les peurs des enfants. Alors que le parent bienveillant aura tendance à dire « Ce n’est pas grave », le conte de fées valide les peurs de l’enfant et lui montre le chemin pour apprendre à les surmonter.

« Tel est […] le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves inattendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire. »

Bruno Bettelheim

Ainsi, le conte de fées est là pour accompagner l’enfant pendant sa croissance. À travers son imagerie symbolique, il permet d’examiner des problèmes humains universels et de démêler les angoisses de notre subconscient. Une chose qu’il peut être bon de revisiter au fil des années : il est parfois surprenant de voir les enseignements qui nous avaient échappé dans notre enfance. Plus que tout, il est important pour l’esprit adulte d’entretenir sa capacité à rêver et à s’émerveiller.

MES RECOMMANDATIONS

Contes traditionnels

Comme nous l’avons vu, l’appréciation des contes de fées est une chose très personnelle, plus encore qu’avec d’autres genres de fiction. Au lieu de vous recommander mes contes favoris, je vous propose de découvrir ou redécouvrir les vôtres ici.

Contes modernes (pour les grands enfants)

Le Chant des Ronces, de Leigh Bardugo
Les Chroniques Lunaires, de Marissa Meyer (série)
La Belle et le Fuseau, de Neil Gaiman
Le Livre des Choses Perdues, de John Connelly
La Malédiction de Highmoor, d’Erin A. Craig


SOURCES

Livre
BETTELHEIM, Bruno. Psychanalyse des Contes de Fées, traduit de l’Américain par Théo Carlier. Paris: Éditions Robert Laffont, 1976, 512p.

Sites web
Babelio
Tous les Contes
Encyclopaedia Universalis
Contes de Fées

Crédit photo
©Pexels

2 réflexions sur “Le conte de fées

  1. Si je comprends bien, il y a donc une différence entre « conte » (tout court) et un « conte de fée » ?
    La mention de « fée » impliquant forcément la part de fantastique ?
    Je pense notamment au « Petit Chaperon Rouge » qui ne se termine pas bien pour la petite fille (dans la version que je connais du moins) et qui ne contient pas vraiment de magie… (si on omet le loup qui parle…).

    Merci pour l’article, toujours aussi intéressant ! 🙂

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    • Il y a plusieurs différences entre les contes folkloriques et les contes de fées, la principale étant que les contes folkloriques sont transmis oralement, tandis que les contes de fées sont écrits. Et comme tu le soulignes, les contes de fées contiennent effectivement des éléments magiques, ce qui n’est pas toujours le cas des contes folkloriques.
      Le Petit Chaperon Rouge a une fin heureuse, cela dit! La petite et sa mère-grand sont mangées par le loup, mais sauvée par un chasseur qui ouvre le ventre de l’animal pour les libérer. D’où l’aspect fantastique, puisqu’elles en sortent indemnes.
      Merci pour ton commentaire! C’est toujours un plaisir d’explorer les sujet de mes articles plus avant 🙂

      EDIT : au temps pour moi, à l’origine Le Petit Chaperon Rouge s’arrête quand la petite et sa mère-grand ont été dévorées… Et vous pensiez avoir passé une mauvaise soirée!

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