DNF : quand arrêter de lire un livre

Né sur les réseaux sociaux, l’acronyme « DNF » (pour « Did Not Finish », ou « Je ne l’ai pas fini ») désigne ces livres que l’on a arrêté de lire avant la fin. Un choix qui crée une polémique chez les lecteurs : faut-il persister ou passer à autre chose? Sur ce blog, nous disons non à l’acharnement littéraire.

Les signes qui ne trompent pas

Comment savoir qu’un livre n’est pas fait pour nous? Voici quelques signes qu’il est peut-être temps de passer à autre chose :

Vous vous trouvez des excuses pour ne pas continuer

Soudain, tout est plus intéressant que votre livre. Oui, même les tâches ménagères. Vous vous promettez que vous vous y remettrez bientôt, mais… Vous avez tant d’autres choses à faire!

Vous êtes obsédé.e par les chiffres

Vos yeux ne cessent de glisser vers le numéro de la page que vous lisez, et vous vous surprenez régulièrement à interrompre votre lecture pour vérifier le nombre de pages qu’il vous reste à lire.

Vous sautez des étapes

Vous vous mettez soudain à lire en diagonale. Une description un peu longue? Vous la prenez comme une permission de passer au paragraphe suivant. Du moment que vous rencontrez assez de mots pour comprendre l’essentiel, cela vous suffit.

Votre esprit vagabonde

Même avec la meilleure volonté du monde, vous ne parvenez pas à vous concentrer. Les mots se mélangent, les lettres s’emmêlent, et avant même de vous en rendre compte, vous êtes en train de planifier votre repas du soir pendant que vos yeux suivent machinalement les lignes.

Vous faites appel au public

Vous vérifiez en ligne ce qu’en pensent d’autres lecteurs, espérant découvrir d’autres points de vue qui vous permettraient de mieux apprécier votre lecture. À moins que vous ne cherchiez d’autres avis négatifs qui justifieraient votre manque d’intérêt?

Pourquoi nous avons du mal à lâcher prise

Qu’est-ce qui nous pousse à nous obstiner? Il y a tant de meilleures façons d’occuper son temps, pourquoi le passer à lire une histoire qui ne nous plaît pas? J’y vois trois raisons…

Le choix du public

Nous l’avons vu, parfois nous nous acharnons par pure pression sociale. Le livre est un classique, fruit du cerveau génial d’un auteur de talent. Il a traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous, nous ne pouvons le rejeter. Ou alors, c’est le dernier coup de coeur des réseaux sociaux et tout BookTube/Bookstagram/Booktok en parle. Il doit bien y avoir une raison… n’est-ce pas?

La fin justifie les moyens

Une fois l’aventure commencée, nous ressentons le besoin de la mener à son terme. Et plus on avance dans l’histoire, plus il est difficile de lâcher prise. Notre curiosité est trop forte, il nous faut savoir comment tout cela va se terminer. Même si nous détestons le voyage et que la fin n’a qu’une chance infime de nous faire changer d’avis.

La peur de l’échec

Le lecteur invétéré a tendance à voir un DNF comme un échec.

Pourquoi il faut savoir dire stop

Oui, il peut être difficile de s’arrêter. Pourtant, ce geste peut être salutaire, et ce pour plusieurs raisons :

Votre livre et vous méritez mieux

Nous ne disposons que d’un temps limité pour la lecture. Ne vaut-il pas mieux utiliser ce temps d’une manière agréable? Il existe des millions de livres sur Terre, nous ne pouvons en lire qu’une toute petite portion chacun. Autant se concentrer sur ceux qui nous plaisent vraiment et laisser d’autres apprécier les livres qui ne nous conviennent pas.

La lecture doit rester un plaisir

Se forcer à lire un livre que nous n’aimons pas, c’est faire de la lecture une corvée. Invariablement, l’acte d’ouvrir un livre risque, petit à petit, de devenir une expérience négative. Et rien de pire que de voir une chose que l’on aime nous échapper.

Tout n’est pas fait pour vous

Nous avons tous des goûts différents – et c’est tant mieux, sans quoi la vie serait d’un ennui mortel. Je crois pouvoir dire avec assurance qu’il n’existe pas un seul livre qui ait plu à 100% de son lectorat. Ce n’est pas parce qu’un livre est populaire qu’il peut vous convenir et vous ne devriez jamais vous sentir coupable de ne pas apprécier ce que les autres portent aux nues.

Vous pourrez toujours réessayer plus tard

Parfois, un livre arrive tout simplement au mauvais moment. Vous lisez et vous rendez compte que, même si l’histoire correspond à vos goûts, vous n’arrivez pas à y entrer complètement. Peut-être alors est-il temps de mettre le livre de côté et de le laisser quitter votre esprit pendant quelque temps. Il sera toujours là quand vous serez prêt.e à lui donner une seconde chance.

5 livres populaires et pourquoi que je ne les finirai jamais

Candide

Voltaire

Pourquoi je l’ai commencé : Candide est un classique court – une rareté! – de la littérature, une satire sociale pleine d’ironie. J’avais hâte de découvrir la prose de Voltaire et ce livre me semblait être un choix tout indiqué.

Pourquoi je l’ai abandonné : je comprends la blague, vraiment. Je sais ce que l’auteur parodie dans cette aventure ponctuée de souffrances, de guerres et de mort si outrancières qu’elles en deviennent invraisemblables. Je sais ce qu’il critique à travers ces personnages qui semblent engagés dans un éternel concours à celui qui est le plus malheureux. Oui, mais voilà : faire une chose par ironie, c’est la faire quand même.

Circé

Madeline Miller

Pourquoi je l’ai commencé : les réseaux sociaux n’ont cessé de me vanter les mérites de Circé. À l’époque, je n’avais encore rien lu de cette autrice et y suis donc allée à l’aveugle. J’ai abandonné le livre une première fois, n’arrivant pas à m’intéresser à l’histoire. Puis Le Chant d’Achille est arrivé, et comme je n’ai de cesse de l’écrire ici, ce fut le coup de foudre. J’ai donc pensé avoir mal jugé Miller. Il était temps de donner une seconde chance à Circé.

Pourquoi je l’ai abandonné : le deuxième essai avait pourtant bien commencé. Je suis entrée dans l’histoire et me suis passionnée pour les aventures de la mythologie grecque contées du point de vue de la sorcière Circé. À environ 75% du livre, j’ai jeté l’éponge. Choisir pour protagoniste un personnage exilé sur une île déserte est un pari risqué, mais Circé offrait la possibilité d’explorer le monde de la sorcellerie. Pourtant, l’autrice n’en fait rien. À la place, nous restons coincés dans la routine quotidienne de Circé, ses récoltes sur l’île et son élevage d’animaux.

Jane Eyre

Charlotte Brontë

Pourquoi je l’ai commencé : il n’a plus besoin d’introduction : Jane Eyre est un grand classique de la littérature, une romance gothique comme on n’en fait plus. Il ne m’en fallait pas plus pour être intriguée. J’avais déjà adoré Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, il était temps de découvrir l’oeuvre de sa soeur Charlotte.

Pourquoi je l’ai abandonné : je n’ai pas pu m’attacher au personnage principal. La personnalité de Jane change pratiquement d’une page à l’autre, selon les exigences de l’intrigue. Le livre est verbeux – mais c’est attendu de la part d’un classique – et le rythme quasi inexistant. Malgré tout, j’aurais peut-être pu en venir à bout n’eut été une erreur fatale : Monsieur Rochester. La deuxième moitié de notre romance. Autant le dire tout de suite, j’ai rarement autant détesté un personnage de ma vie. Si le Monsieur Darcy d’Orgueil et Préjugés pouvait se montrer bourru et suffisant, Monsieur Rochester le fait passer pour un enfant de choeur. Le fait que je connaissais par avance son fameux et terrible secret n’arrangeait en rien la situation.

Pourquoi je l’ai commencé : un autre favori des réseaux sociaux, ce livre s’inscrit cette fois dans la catégorie YA, ou jeune adulte. Je ne connaissais rien de l’auteur, mais le concept de son histoire avait tout pour me plaire : une dystopie ou chacun est averti du jour de sa propre mort.

Pourquoi je l’ai abandonné : malheureusement, les personnages manquaient de profondeur à mon goût. L’histoire aurait pu être intéressante, mais le livre finit par tomber dans de nombreux clichés du genre. De plus, et je ne sais quelle part de cette critique revient à la traduction française, le vocabulaire des protagonistes est cliché et affecté. Il ne laisse aucun doute sur le fait que le livre a été écrit (ou traduit) par un adulte qui tente de se mettre dans la peau d’un adolescent. Et je peux me permettre cette remarque : je n’ai que deux mois de moins qu’Adam Silvera.

Pourquoi je l’ai commencé : enfant, j’ai tellement regardé Le Magicien d’Oz que je suis prête à parier que ma famille en fait encore des cauchemars. J’ai aussi regardé, et absolument adoré, la comédie musicale Wicked, inspirée de ce livre. C’est donc avec le plus grand enthousiasme que j’ai entamé la lecture de ce livre.

Pourquoi je l’ai abandonné : quand je pense « Méchante Sorcière de l’Ouest », je ne pense pas « conflits socio-politiques à la Cité d’Émeraude ». Je pense encore moins « scènes d’amour nombreuses et détaillées entre la Sorcière et l’Épouvantail ». Et pourtant, Gregory Maguire l’a fait. Dire que le livre s’éloigne de l’oeuvre originale est un doux euphémisme. La comédie musicale elle-même est une adaptation très libre du livre. C’est sans doute sa plus grande qualité.


Sources

Sites web

Babelio

Crédit photos

Amazon

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