Annotations : comment j’ai appris à arrêter de m’en faire et à aimer écrire dans les marges

Il fut un temps où je faisais partie de ces gens qui désirent garder leurs livres dans un état impeccable. Une page pliée par accident? Quelle honte! Le dos d’un épais volume corné pas la lecture? Impensable! Mais ça, comme dirait l’autre, c’était avant. Depuis, je me suis mise à tenir un blog littéraire, et surtout à lire pour ce blog.

Les origines

Pour préparer mes articles, j’ai commencé en prenant des notes sur des feuilles volantes. Mon article sur Alice est ainsi le résultat de trois pages recto-verso, dans lesquelles je résumais brièvement une scène avant d’y ajouter mes notes. Autant vous le dire tout de suite, ce processus est fastidieux. Il demande deux fois plus d’écriture que nécessaire, et ralentit considérablement la lecture.

J’ai ensuite acheté des petits index fins et transparents, censés remplacer la mise en fluo. Le rendu était convaincant, mais il fallait passer son temps à coller méticuleusement bandelette après bandelette dans le livre, et dans certains cas, les couper à la bonne taille. Encore une fois, pour la fluidité de lecture, ce n’était pas génial.

C’est en lisant Anatomie de l’Horreur pour mon article sur le roman d’horreur, que j’ai franchi un cap. Et croyez-moi, étant une personne un peu perfectionniste qui a la fâcheuse tendance à se poser trop de questions*, ce fut un processus difficile à entamer. Le livre regorgeait de tant d’informations importantes que je voulais presque tout noter, mais j’avais envie de laisser mon canal carpien se reposer.

J’avais également vu de nombreuses vidéos YouTube et autres articles de blog qui vantaient les vertus des annotations, et j’étais intriguée par cette pratique. L’occasion coïncidant avec l’envie, j’ai fini par commettre l’impensable. J’ai sorti les surligneurs, le stylo et les index, et je me suis mise au travail.

Je pense pouvoir dire avec assurance que cette nouvelle habitude a changé ma façon de lire, voire mon rapport aux livres en tant qu’objets.

Il ne m’a pas fallu longtemps pour être à l’aise avec l’idée de prendre des notes à l’encre dans les marges de mes livres, en particulier les non-fictions. C’est une prise de note facile, rapide, et surtout, libératrice. Au lieu de vouloir préserver mes livres dans un état neuf ou presque, j’ai appris à aimer voir les marques de mon passage, comme autant de souvenirs. Il y a quelque chose de personnel à consigner ses pensées sur les pages d’un livre, comme si on se l’appropriait pour de bon.

Ou peut-être suis-je trop sentimentale, c’est possible aussi. Toujours est-il que, contre toute attente, c’est une pratique qui me correspond.

Une pratique variable

Je n’annote pas tous mes livres, et ceux que j’annote ne sont pas égaux. D’abord, la nature des notes change selon le thème du livre ou ce que je cherche à démontrer. Deux types sont récurrents, cependant : « Important », pour les infos notoires et « J’aime », pour les citations et/ou passages qui m’ont particulièrement plu.

Il faut aussi savoir que j’annote rarement à la première lecture. À ce stade je ne sais pas encore si je compte garder le livre sur le long terme, et je préfère privilégier une première découverte fluide. Anatomie est ma seule exception à cette règle mais soyons honnêtes, il fera bien froid en enfer le jour où je me séparerai d’un livre de Stephen King.

Enfin, il y a deux types d’annotations dans mon système : les temporaires et les permanentes.

Les annotations temporaires

Elles peuvent prendre la forme de post-its, d’index ou de notes au crayon. J’utilise surtout ce procédé pour les livres dont le papier est fin; j’ai beau accepter un certain degré de dégradation, je n’ai pas envie que l’encre bave et/ou traverse le papier.

C’était le cas pour American Psycho. Le papier était fin et, en plus de marquer les infos importantes, j’ai pris le pari de relever les éléments récurrents de l’histoire. Ainsi, je prenais mes notes sur mon téléphone** et je plaçais un index à chaque apparition de l’un de ces éléments.

Voici la légende en première page :

Comme vous pouvez le voir, je prenais note des passages donnant des informations relatives aux personnages, des moments importants et des changements de narration. En mauve clair et mauve foncé***, les deux passages qui revenaient le plus souvent : les mentions des Misérables et du Patty Winters Show.

Le résultat de ces annotations :

Sur base de ces seules photos, on peut déduire que Bret Easton Ellis aime ses gimmicks.

Enfin, je refuse d’annoter de manière permanente les exemplaires trop spéciaux. Je vais bientôt relire Alice pour un projet personnel – je vous en parlerai peut-être un jour – mais il est hors de question que de l’encre vienne toucher les pages de ce livre. Pourquoi? Parce que le livre ressemble à ça :

Je vais donc prendre note dans le livre, mais plutôt sous la forme de post-its qui dépasseront des pages. Et qui pourront être enlevés sans abîmer ce chef d’œuvre.

Les annotations permanentes

Enfin, voici le moment que vous attendiez : les annotations permanentes. Pour cet exemple, prenons mon exemplaire d’Anatomie de l’Horreur.

« Important » pour les infos à retenir, « Référence » pour les films et livres mentionnés, « J’aime » pour les citations qui m’ont plu, « Note » pour mes propres annotations dans les marges, et « Question » pour les interrogations soulevées par Stephen King au cours de son exposé.

Voici quelques exemples :

Conclusion

L’annotation des livres n’est pas pour tout le monde, et il se peut que certain.es d’entre vous se soit hérissé.es à la vue des pages d’Anatomie. Pour ma part, je suis tombée amoureuse de cette technique, qui m’a permis d’aborder mes livres d’un œil nouveau.

Au lieu de chercher à préserver l’objet, je privilégie mon rapport au texte et à ce que je peux en retirer. J’ai commencé à annoter même les livres que je lis pour mon plaisir afin d’aller plus loin dans mon appréciation de ces textes.

Faut-il annoter ou non ses livres? Et si oui, quelle est la meilleure méthode? La réponse vous appartient. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire, juste des préférences à honorer.

Par contre, corner les pages, c’est toujours non pour moi!

Annotez-vous vos livres? Si oui comment préférez-vous vous y prendre? Dites-nous tout en commentaire!


*Et à faire des phrases trop longues.

**La seule chose pire que de tout retranscrire à la main est de tout retaper sur l’application notes de son smartphone quand on est pas doué pour le tactile. 1/10 je ne recommanderais pas.

***Mauve clair et mauve foncé. Tout ce que vous avez à savoir sur ma capacité à planifier est là. Sans parler de la photo de la légende, qui montre de manière évidente que j’ai noté les catégories avant de placer les index.


Sources

Site web

Babelio

Crédits photos

Image d’en-tête : ©Pexels
Photos de l’article : ©Jabberloki

2 réflexions sur “Annotations : comment j’ai appris à arrêter de m’en faire et à aimer écrire dans les marges

    • Je rejoins Audrey, c’est hors de question d’écrire dans un livre pour moi ! Même prendre des notes, je ne le fais pas trop, sauf exception. Je prends des photos, comme Audrey. Par contre je les regarde souvent, c’est toujours un plaisir de relire les citations 😉
      Au final il n’y a pas de méthode particulière, chacun fait comme il le sent.

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire